Bien que les matériels et les techniques de mise en œuvre soient très différents, chapes et isolants forment un tout généralement indissociable. Que ce soit au niveau des industriels ou des applicateurs, cette complémentarité s’impose de plus en plus. Par exemple, au sein du groupe Mirbat, les activités Cemfluid et Syneris illustrent bien cette complémentarité. D’un côté, Cemfluid commercialise des chapes ciment et des chapes anhydrite. De l’autre, Syneris s’appuie sur un réseau de 35 applicateurs d’isolation projeté (dont 31 en France, 2 en Belgique, 1 au Luxembourg et 1 en Italie). Autre exemple en Savoie, où l’entreprise Ughetto, chapiste de longue date, traite des marchés chape+isolation, en sous-traitant l’isolation projetée à deux entités, dont c’est l’unique activité.
D’une façon générale, la chape ciment reste majoritaire, la chape anhydrite étant davantage cantonnée aux chantiers où les temps de séchage sont moins prioritaires. Un peu en marge de ce marché, il faut mentionner la chape sèche, qui, de l’avis des professionnels, représente environ 10 % du marché total des chapes.
L’isolation en polyuréthane projeté regroupe quatre acteurs principaux (dans l’ordre alphabétique) : Aspa/Europiso, Isolat/Icynène, Isotrie et Mirbat/Syneris. Ceux-ci se partagent 80 à 90 % du marché de l’isolation projetée. En parallèle, les techniques traditionnelles d’isolation sous chape par panneaux sont encore majoritaires et “tenues” par des leaders de renom, qui disposent de moyens importants à tous les niveaux. Néanmoins, lorsque l’on regarde l’évolution des techniques dans un pays proche comme la Belgique, on peut penser que la diversification des chapistes vers l’isolation projetée a de l’avenir.
Le chauffage par le sol très lié aux chapes
Qui dit chapes, dit souvent chauffage par le sol. C’est d’ailleurs cette solution, qui a boosté le marché des chapes dès le milieu des années 1990, avec à la clef, des besoins nouveaux en termes d’isolation. Rapidement, le marché de l’isolation sous chape s’est réparti entre les plaques manufacturées polyuréthanes, polystyrènes extrudés et expansés, et les isolations projetées. Les isolants fibreux à forte densité, un temps utilisés, sont devenus vite minoritaires.
En 2016, derniers chiffres connus, les isolations projetées sous chape étaient utilisées pour 15 % des maisons individuelles neuves, avec de fortes disparités, en fonction des régions, des disparités liées surtout à l’ancienneté des entreprises spécialistes dans cette activité. Cette technique est très présente en Auvergne – Rhône-Alpes et en Bretagne, mais beaucoup moins sur la façade Atlantique.
Un peu partout en France, des applicateurs, indépendants ou reliés à des réseaux, se mettent en place. L’investissement, 150 000 € en moyenne pour un véhicule et l’équipement de projection, reste relativement lourd pour une petite entreprise, ce qui pousse à en faire une activité à temps plein avec des équipes dédiées. C’est d’ailleurs ce que préconise Pierre Bautista, le responsable commercial d’Isolat. « Il est important que l’application de polyuréthane projeté soit perçue comme un vrai métier, et pas seulement comme un complément d’activité pour les chapistes. Ceux, qui s’engagent dans cette voie, doivent avoir des équipes bien distinctes pour les chapes et pour l’isolation. Les deux techniques se complètent idéalement, mais ce ne sont pas les mêmes métiers. »
Les prescripteurs, première force de proposition
Entre le développement du chauffage par le sol et les contraintes de la RT 2012 (performances thermiques et étanchéité à l’air), les prescripteurs ont vite compris l’intérêt technico-économique des isolations projetée. A savoir la continuité absolue de l’isolation, pas de ponts thermiques, une performance thermique optimisée rapportée à l’épaisseur d’isolant, un niveau d’étanchéité à l’air difficile, voire impossible à atteindre avec des panneaux. Et enfin, la garantie d’un maintien des performances pendant toute la vie en œuvre du bâtiment.
Les raisons du succès de la chape fluide sont aussi réglementaires. En effet, la demande de plus en plus importante de carrelages de grande dimension, supérieurs à 60 cm x 60 cm, surface maximum tolérée par le NF DTU 52.1 en pose scellée, explique aussi le développement de la chape fluide, la pose scellée étant d’ailleurs abandonnée dans nombre de pays d’Europe. C’est le fait des carrelages, qui imitent les parquets et, dont les grandes dimensions imposent aussi d’abandonner la pose scellée.
De l’avis des professionnels de l’isolation projetée, cette technique sous chape devrait concerner à terme une majorité de chantiers en construction neuve, dans un délai qui n’est pas facile à quantifier. Pour étayer ces affirmations, les professionnels se basent, là encore, sur l’exemple de la Belgique, où l’on estime que la technique de l’isolation projetée sous chape concerne une majorité de chantiers de maisons individuelles neuves.