Sommaire du dossier :
- EPF 2023 : Un salon de rattrapage
- Le chapiste, une relève incertaine
- Les hésitations sur l’écologie
- Le carbone arrive
- La recherche de solutions résilientes
La conjoncture allemande n’est pas au beau fixe : 280 000 logements livrés contre 400 000 voulus par le gouvernement, une chute d’un tiers des mises en chantiers en rythme annuel, une réglementation EN40 jugée prohibitive. Bref, c’est un peu comme en France avec la RE 2020. S’ajoutent aussi les problèmes de formation et de recrutement. On estime que le nombre des entreprises chapistes allemandes se situent à 5 200. Les promotions de maîtrises et d’apprentis dédiés sont minimes : 89 apprentis enregistrés au niveau national contre 418 il y a 25 ans. Seulement 12 brevets de maîtrise en 2022 au niveau national, mais c’est plus ou moins inchangé depuis le début du siècle.
Comme l’exercice du métier de chapiste va être de nouveau réglementé par un brevet de maîtrise, un certain nombre d’acteurs de cette profession mutent vers le métier de solier au sens large, pour lequel aucun brevet de maîtrise n’est requis. Cela ne veut pas dire qu’émerge véritablement un métier compétent, de la dalle brute jusqu’au revêtement final. L’initiative lancée par le chauffagiste Herotec en 2016 de proposer une formation qualifiante de chauffagiste pour sols à des chapistes n’a pas fait bouger les lignes.
Le chapiste comme denrée rare
Le métier de chapiste ne fait pas rêver et les centres de formation comme l’Académie de Feuchtwangen peinent à former. D’ailleurs, comme il n’était plus requis jusqu’à peu de passer un brevet de maîtrise dans cette profession, les entreprises ne se sont plus chargées de former des apprentis. Ce qui explique le revirement de la fédération de tutelle VDPM. Pour l’instant, les promotions sont ridicules à l’échelle nationale. De sorte que la contraction du marché du neuf ne va guère affecter les carnets de commandes.
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L’EPF s’adresse à un métier de solier élargi qui n’existe quasiment pas, mais que la chimie du bâtiment appelle de ses vœux. Les stands regorgent de maquettes avec des serpentins de planchers chauffants à base de fluides, des produits de nivellement, des isolants, des chapes, des colles et des solutions de revêtements de sol. En pratique, sur les chantiers, cela signifie que le chapiste est pris en enclume entre le chauffagiste et l’entreprise de revêtements de sol. Chacun se renvoie la balle.
Les outils de tests d’humidité résiduelle prospèrent, utilisés à la fois par les chapistes et les corps d’états successifs. C’était déjà un élément émergent du salon de 2017, sauf qu’alors, la perspective d’une symbiose était idéalement tracée. Elle n’a pas eu lieu et cette situation bloquée empêche le marché d’évoluer vers ce que demande l’avenir et même le présent, à savoir le développement de solutions globales d’adaptation du bâti vers la résilience climatique, avec des solutions pérennes, polyvalentes et faibles en carbone.
Jonas Tophoven, envoyé spécial