Sommaire du dossier :
- EPF 2023 : Un salon de rattrapage
- Le chapiste, une relève incertaine
- Les hésitations sur l’écologie
- Le carbone arrive
- La recherche de solutions résilientes
Ainsi, la perspective de solutions de rénovation bas carbone se dessine et un marché s’ouvre même pour les interventions en rénovation ou en construction bois, associant des matériaux bas carbone à des serpentins conçus pour chauffer l’hiver et rafraîchir un peu l’été. Des solutions démontables et réutilisables, associées pourquoi pas à des outils facilitant la mise en œuvre.
Ce que le marché allemand n’a pas encore vu et qui est pourtant assez étonnant, compte tenu de la poussée de la maison individuelle en bois (le Fertighaus), c’est le développement de solutions de plafonds chauffants rafraîchissants à chapes visibles, non couvertes l’été par un revêtement de sol. Et permettant d’absorber la chaleur, tout spécialement dans les constructions à faible inertie. De fait, le terrazzo est en train de connaître une seconde jeunesse – mais pas encore sur support en bois.
Rénover
La chape visible est certes une vieille lubie, mais dans la situation actuelle de comptabilisation du carbone, la réduction du feuilleté des sols est une perspective encouragée. En France, avec la RE 2020, la chape visible devient presque une obligation pour la construction bois. Un an et demi après l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation environnementale et, alors que l’on commence déjà à discuter de l’étape 2025 suivante, il serait temps que le marché prenne conscience de ces enjeux. L’enquête nationale Construction bois portant sur 2022 devrait paraître début juillet après un certain retard. On s’attend enfin à une bonne mouture qui permettrait à ce marché d’atteindre globalement son niveau de 2011. La construction bois reste une niche, mais pour les chapistes, c’est un marché spécifique et prometteur.
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Une chose est sûre et prouvée à chaque salon EPF, les outils pour remettre une chape, voire une dalle dans son état initial sont disponibles et efficaces, pas seulement pour le marché industriel. Il est envisageable de reprendre l’existant de fond en comble sans aller jusqu’au curage et de recréer le plus souvent sur des dalles en béton des solutions de sol intégrant ensuite une nouvelle chape. Les outils évoluent vers l’autonomie et même vers l’électrique comme le propose Putzmeister pour un petit hélicoptère de ponçage en complément d’un transporteur de chapes. Les camions n’ont pas relégué les petits transporteurs aux oubliettes, loin de là. On trouve même chez Uzin une formule qui intègre sur camion une solution plus compacte présentée par Inotec.
Trouver des solutions résilientes
Demain, il manquera l’eau et le sable et le marché s’y prépare peu à peu. Il semble que l’industrie du béton se dirige vers des rénovations lourdes qui permettraient aux acteurs de réutiliser le matériau existant à plusieurs niveaux, dans le béton, comme couche de nivellement et même comme chape, de façon à approcher la neutralité. Cela rejoint le plan vers la neutralité qui a été présenté à la fédération de tutelle des chapistes pour l’horizon 2045. Pour les chapistes, le remplacement du sable sera très difficile, car ce matériau est le meilleur garant de la ductilité des solutions. Pour l’instant, le taux de recyclage de l’industrie allemande du ciment/béton plafonne à 1 %. Ce qui signifie que le marché va bouger, certes avec un peu de retard, mais à l’Allemande, en profondeur. Et que les prochaines éditions de l’EPF en montreront les effets avec un intérêt décuplé.
La chape de réemploi à base de plâtre et de briques plâtrières, mise au point par l’agence Ciguë, ce n’est pas à Feuchtwangen qu’il faut la chercher, mais au Pavillon de l’Arsenal, à Paris. Les deux pays sont comme toujours complémentaires. L’Allemagne dispose depuis six ans d’un excellent livre dédié à l’histoire de la chape, une mine d’information aussi utile pour l’avenir. Dommage qu’il ne soit pas accessible en français. Les chapistes français, intégrant souvent la prestation de l’isolation, sont en train de créer une profession dynamique et leur forte présence individuelle à Feuchtwangen a été remarquée. En phase, Chapes-Info publie le premier bilan du salon à chaud et se réjouit de voir la profession française grandir avec son média dédié.
Jonas Tophoven, envoyé spécial