Sommaire du dossier :
rCe marché du carbone semble ne pas avoir atteint encore le marché neuf des chapistes ni le marché industriel. De fait, la réglementation qui régit la construction neuve s’est renforcée en Allemagne, en passant vers l’EN40, mais sans prendre en compte l’émissivité. Ce n’est sans doute qu’une étape, car après la France, le Luxembourg vient de passer à une réglementation environnementale intégrant le calcul carbone. Tandis que le label environnemental porté par l’association Sentinel dépasse la situation française, car elle agit déjà, au moins à la marge, sur le marché de la rénovation. Ce passage à l’économie du carbone est perçu, pour l’instant, comme une épée de Damoclès, mais il pourrait devenir un accélérateur de nouveautés et redonner une stimulation à un salon où l’impact intellectuel des conférences ne se traduit guère dans la perception des produits et prestations présentés.
Lire aussi : Bas carbone, l’avenir de la chape en question
Ainsi, il est toujours symptomatique de voir des stands sans message, sans orientation. Les démonstrations de prises de chape ne sont pas tout et six ans après la dernière édition, le sur-place de cette nouvelle édition est flagrant. Sans doute une sorte de recul pour mieux sauter. Pas un seul stand ne s’est aventuré dans la proposition d’une solution de chapes bas carbone, même pas le camp de l’anhydrite. C’est comme si la question devait être réglée de façon collective, en suivant la feuille de route corporatiste qui décrit un passage progressif vers la neutralité carbone en 2045.
Le Portland vertueux
La question de l’émissivité est cependant portée par des groupes internationaux, dont la stratégie ne dépend pas des réglementations d’un pays. Chez Sika, la fusion avec plusieurs entités a propulsé une solution de chapes dite ”hybrides”, la technologie CSA, intégrant à la fois du ciment et du plâtre. Et permettant de réduire ainsi l’impact carbone, pour une épaisseur ramenée à 16 mm !
Ailleurs, l’urgence écologique pousse les grands acteurs à stopper la production de produits à base de ciments Portland, sans que l’on sache trop dans quelle mesure les chapes à base de CEM II ou autres vont résister au temps, du fait de leur appréciable comportement de recarbonation. Le plus petit producteur de mortier de chape d’Allemagne, Wittekind, ne suit pas le mouvement, reste concentré sur le Portland et souligne qu’en calculant à partir des besoins réels au mètre carré, le ciment traditionnel offre à la fois une meilleure performance dans la durée et une performance écologique comparable.
Le biosourcé s’insinue
Le salon présente de surprenantes solutions biosourcées pour les couches de nivellement, même si elles restent marginales face à l’omniprésence des billes de PSE. Chez Mehavit, c’est du chanvre bituminé depuis très longtemps déjà, avec une matière première importée de France. Pour Cemwood, c’est du bois enrobé, une solution développée il y a une dizaine d’années. Alors que chez Sto, il s’agit de graviers solidarisés par un liant, développé exprès pour les planchers en bois. Chez le chauffagiste Herotec, on trouve carrément de la paille compressée où circulent les serpentins, l’étape en cours étant de supprimer les appuis en aluminium des serpentins et de réduire considérablement l’impact carbone du complexe total. Enfin, on remarque la possibilité d’une chape sèche qui diffère fondamentalement de Fermacell. Réalisée à partir de dalles de terre cuite collées entre elles, par Leipzinger.
Jonas Tophoven, envoyé spécial