Article paru dans Chapes Annual 2024
Si la mise en œuvre de la mousse polyuréthane projetée est particulièrement bien guidée par les règles de l’art et les Avis techniques, quelques bonnes habitudes sont à prendre pour améliorer le traitement des chantiers. C’est pourquoi l’Unecp-FFB a publié une infographie rappelant les bons réflexes à adopter. Outre sa restitution, nous avons demandé à Benoît Lietchy, dirigeant d’Isoprom et président de la commission “Mousse PU” de l’Unecp-FFB, de la commenter.
L’art du devis bien fait
Pour établir un devis, il faut préciser le nom et la marque du produit, l’épaisseur de projection et la résistance thermique correspondante, conformément à la norme NF EN 12667. Mais aussi l’Avis technique et le numéro de conformité QB ou Keymark associé. Puis, le coût des matières premières et le coût de la main-d’œuvre. Et enfin, la date de la visite technique en cas de travaux de rénovation.
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« Il est important de prendre le temps de faire une visite technique, avant l’établissement du devis. Pour pouvoir déterminer l’épaisseur moyenne de mousse polyuréthane à mettre en œuvre sur le support, il faut se renseigner auprès du client sur le niveau du sol fini qui a été établi ou qui est à établir, ainsi que l’épaisseur et la nature de la chape et du revêtement de sol qui seront posés. Reste ensuite à effectuer les relevés altimétriques du support à isoler, ainsi que des ouvrants, tels que les baies vitrées et les portes d’entrée pour s’assurer que celles-ci ne soient pas trop basses par rapport au niveau sol fini attendu par le client.
Cette opération permet d’établir la validité ou non de la performance thermique apportée par l’isolant vis-à-vis des exigences règlementaires et fiscales donnant accès aux aides de l’Etat. Il peut nous arriver de conseiller à un client de faire relever la ou les menuiserie(s) posant un problème pour atteindre la bonne épaisseur d’isolant. Le conseil au client est une part importante du métier. C’est pourquoi il faut s’appuyer sur des données précises pour avoir un conseil le plus professionnel possible. »
Le chantier bien réalisé
Pour la mise en œuvre, les projeteurs s’appuient sur leur savoir-faire tout en respectant les règles imposées par les avis techniques du CSTB. L’objectif est d’atteindre à minima les performance thermiques et mécaniques de la mousse polyuréthane exigées par la certification QB et Keymark, qui sont disponibles sur le site du CSTB. Après les travaux, il faut établir un PV de réception en indiquant : les informations relatives au chantier (date d’intervention, nom du client, adresse du chantier et type d’applications). Mais aussi le nom et la marque du produit, la référence de l’unité mobile de projection, le numéro de lot des deux composants, le numéro de certificat QB 23 ou Keymark et le numéro d’Avis technique associé. Ainsi que les caractéristiques certifiées : résistance thermique in situ, masse volumique in situ, stabilité dimensionnelle, classe de compressibilité. Et enfin, les relevés des mesures d’épaisseur et de masse volumique sur chantier.
« Pour les chantiers, je demande à mes équipes de refaire un passage avant le début de la projection, pour vérifier les supports. D’abord, pour les niveaux des ouvrants qui peuvent avoir été modifiés depuis le devis. Ensuite, pour la qualité du support, qui doit être propre, sec et sain. Les gaines doivent être bien fixées. Nous avons le droit et le devoir de refuser un support qui altérerait la qualité de la mise en œuvre. En cas de désordre, nous serions responsables. Au moment du chargement, il est tout de même important de vérifier que ce sont les bons produits qui sont chargés. Les réglages des machines doivent aussi être vérifiés, notamment la pression, la température et l’équilibre de 1:1 entre les deux produits. Je demande aussi à mes équipes de revérifier pendant la mise en œuvre, pour prévenir tout problème. C’est le rôle de l’équipier. »
La sécurité avant tout
Le préalable à la projection est de suivre la formation de sécurité obligatoire. Et de respecter les préconisations d’utilisation des équipements de protection individuelle. Mais aussi de respecter les restrictions d’accès au chantier pendant la projection. Et de prévoir un renouvellement d’air et/ou une ventilation suffisante dans les ateliers. Et enfin, de tenir les récipients hermétiquement fermés dans un endroit tempéré.
« Les isocyanates que nous utilisons dans la formulation de la mousse polyuréthane sont allergènes et sont des irritants puissants de la peau et des muqueuses (yeux et voies respiratoires). Ils peuvent aussi provoquer des allergies cutanées et/ou respiratoires. Il y a un danger d’irritation des voies respiratoires et, à long terme, de gros risques pour la santé. Il faut donc s’en protéger. D’abord, à travers la formation de sécurité qui est obligatoire depuis août 2023. Chez nous, tous ceux qui sont amenés à interagir avec les produits la suivent. Y compris les commerciaux.
Il faut aussi porter des EPI adaptés. C’est-à-dire une combinaison intégrale, des bottes et des gants nitriles. Mais surtout des masques. Nous avons fait le choix de la cagoule respirante ventilée, alimentée par une unité filtrante à la ceinture. Cette solution est bien moins contraignante, mais tout aussi efficace que le casque à adduction d’air relié par un tuyau à l’unité de filtration d’air située à l’extérieur du chantier, qui est recommandée par l’OPPBTP. Durant notre intervention, l’accès au chantier reste interdit. Certains clients curieux souhaitent néanmoins observer la projection. Nous les équipons alors d’un masque respiratoire durant leur courte visite. Enfin, il faut aérer le chantier lorsque toutes les particules de mousse en suspension sont retombées. En général, l’équipier décamoufle les zones à aérer dans la demi-heure suivant la projection. »
Des règles claires pour protéger l’environnement
Pour protéger l’environnement, il faut stocker les fûts/IBC vides à l’abri de l’humidité et les recycler. En cas de dispersion accidentelle, il faut empêcher les produits d’atteindre les eaux de surface et les eaux résiduaires, et veiller à une aération/ventilation efficace. Il faut, bien entendu, éviter de verser les produits à même le sol ou dans les égouts.
« Le stockage doit se faire à l’abri, pour protéger l’environnement, mais aussi pour conserver la qualité des produits. Les fûts doivent être protégés des UV et de la chaleur, de même que de l’humidité. Ils doivent donc être à l’intérieur, dans un environnement qui reste entre 5 et 30° C. Evidemment, il faut prévoir une circulation d’air lorsque l’on manipule les fûts. Pour le recyclage, les fournisseurs sont obligés de fournir aux projeteurs une solution de récupération et de recyclage des fûts/IBC. Que ce soit par leurs propres moyens ou par un organisme tiers. Enfin, en cas d’accident, la règle est d’appeler les pompiers, en expliquant bien quels produits sont en cause. »