Vous avez été élu pendant le confinement, une période compliquée pour être porté à la tête de l’Union…
Christian Moricet : J’étais déjà en place, puisque j’ai terminé le précédent mandat par intérim. J’ai donc vécu le premier confinement en tant que président. Nous avons appris de ce premier moment. Et ce qui avait été mis en place en début d’année a été reconduit ou amélioré. D’autant que cette fois, les chantiers ne se sont jamais arrêtés. Nous avons appris à travailler autrement, avec des réunions par visio-conférence. Ce qui nous a permis de ne jamais arrêter le fonctionnement de l’Union et de ses travaux. Et ils sont nombreux.
Dans quel état économique se trouve la profession ?
C. M. : La situation est un peu différente selon les métiers. Je rappelle qu’au sein de l’Union, sont représentés les carreleurs, les chapistes, ainsi que les projeteurs de polyuréthane. Les chapistes et les projeteurs de PU sont peu impactés pour le moment. Ils ne cohabitent pas avec les autres corps d’état. Les carreleurs ont un peu plus subi de retards.
D’une façon générale, nos métiers ont actuellement une bonne activité et ont de bonnes perspectives pour le premier semestre 2021. Il y a en revanche, plus de doutes pour la deuxième moitié de l’année 2021. Nos métiers pourraient subir à ce moment-là le fort ralentissement des permis de construire, particulièrement pour le logement collectif. A cet égard, la FFB travaille avec les pouvoirs publics pour activer les processus de mise en chantier. En revanche, la rénovation devrait rester fortement active.
Cette situation des entreprises sera-t-elle l’un des enjeux principaux de votre mandat ?
C. M. : Nous serons vigilants sur l’évolution de la situation. Notamment sur l’évolution du moral des Français, qui sera un élément déterminant pour déclencher les chantiers. Nous devons faire en sorte que les entrepreneurs gardent aussi le moral, qu’ils continuent à investir et qu’ils forment des jeunes.
C’est là un enjeu majeur pour nous, car si nous n’anticipons pas, nous allons nous retrouver en manque de main-d’œuvre. D’où la création du nouveau CQP de projeteur PU et la mise en place progressive des formations pour chapistes. Jusque-là, ces métiers étaient appris sur le terrain. Aujourd’hui, il nous faut offrir des diplômes valorisant les savoir-faire acquis et favorisant l’accès à ces métiers..
La lutte contre les désordres était l’axe principal de travail de l’Union cette année Avez-vous tout de même pu travailler sur ce point ?
C. M. : Les désordres concernent surtout la partie carrelage. La révision du DTU 52.1, qui a validé la suppression de la pose scellée désolidarisée et flottante dans certains cas, devrait contribuer à améliorer les statistiques de la profession. D’autant que ces sinistres sont généralement coûteux. Il persiste encore un grand nombre de désordres dans les locaux humides. Nous continuons donc l’animation de réunions techniques pour rappeler les règles de l’art. La préparation et la qualité des supports ont aussi un impact sur les éventuels désordres du carrelage.
L’utilisation croissante des chapes fluides et du polyuréthane projeté auront certainement un effet bénéfique. Nous travaillons aussi sur des préconisations claires pour la pose des carreaux grands formats, qui sont de plus en plus tendance. Les différents guides et fiches pratiques édités par l’Union aident les professionnels à s’approprier les bonnes pratiques. Pour les chapes fluides, les sinistres sont moins nombreux. Nous serons vigilants lors de leur passage au traditionnel, afin de maintenir ce faible taux de sinistralité.
Evidemment, le passage en traditionnalité des chapes sera un temps fort de votre mandat. Pouvez-vous en détailler la mise en place ?
C. M. : Le calendrier de base est celui de la CCFAT. A partir du 31 décembre 2021, les demandes d’Avis technique ne seront plus acceptées. Au 31 décembre 2022, tous les Avis techniques seront annulés. Nous devons donc être en amont du planning de la CCFAT pour anticiper les choses. Ainsi, nous devons en ce début d’année 2021 mettre en place la formation des chapistes, afin que les professionnels soient formés et/ou aient l’attestation, sinon il y aura un goulot d’étranglement à l’approche de la fin des Avis techniques.
Cette attestation sera un pré-requis pour l’agrément des professionnels pour la mise en œuvre de certificats de produits. A ce sujet, il est urgent que la mise en place de la certification des chapes fluides soit effective dans les meilleurs délais. Les travaux de rédaction du texte de mise en œuvre vont débuter en 2021. Le texte doit être publié au plus tard au premier trimestre 2022. Nous avons déjà pris du retard avec cette année particulière, il devient urgent de finaliser les actions, afin de respecter les dates fixées par la CCFAT.
Quelles seront les conséquences pour les industriels ?
C. M. : Nous estimons que le volume de production augmentera. Sans doute que le nombre de chapistes augmentera également. En revanche, il y aura aussi une réorganisation du marché, puisque pour le moment, les acteurs sont très nombreux.
Dans son ensemble, quel bénéfice peut en tirer la profession ?
C. M. : Il y aura plus d’ouvertures au développement, en termes de volume, comme de technicité. Aujourd’hui, le nombre d’applications possibles permet aux chapes fluides d’être incontournables. Avec ce passage en traditionnalité, leur pouvoir d’attraction sera décuplé. A condition, je le répète, que la qualité reste au rendez-vous.
Cela permettra aussi aux chapistes de valoriser leur savoir-faire vis-à-vis des clients et des donneurs d’ordres. Alors que jusque-là, ce sont plutôt les qualités des produits qui étaient mises en avant. Enfin, pour les carreleurs, la réalisation des chapes fluides par des professionnels qualifiés devrait permettre de travailler sur des supports de meilleure qualité. Et ainsi réduire aussi les sinistres.
Pouvez-vous nous faire un point d’étape des travaux de la Commission “Chapes” ?
C. M. : C’est une commission jeune, il a donc fallu commencer par recenser les attentes des chapistes et leurs besoins. L’actualité forte est évidemment la mise en place de la traditionnalité, la Commission a ainsi travaillé à l’identification du processus de formation des jeunes et des chapistes déjà en place.
Puis, elle a proposé les modules du contenu de cette formation. Les professionnels de cette Commission participent aux travaux de mise en place de la certification et seront membres du groupe de travail pour la rédaction des futures règles professionnelles pour la réalisation des chapes fluides. L’une des forces de cette Commission est d’avoir les contributions de chapistes de différents profils (petites, moyennes ou grandes entreprises, fabricants et/ou applicateurs…). Il y a des débats, mais les travaux avancent.
Pour résumer, quelles sont vos ambitions pour les chapes au cours de votre mandat ?
C. M. : Je suis là pour trois ans. Nous allons donc mener à bien ce passage au traditionnel et la mise en place de la formation spécifique pour les professionnels de la chape fluide. Je souhaite que cette formation soit aboutie, pérenne et efficace dans son application. Et qu’elle soit reconnue par tous les acteurs. Ce qui nous permettra d’évoluer vers un diplôme reconnu et valorisant pour les professionnels expérimentés et les jeunes. Et ainsi attirer plus de monde vers ce métier, tout en résorbant le volume de désordres.