Sommaire du dossier :
- Chapes et techniques courantes
- Les nouvelles règles de mise en oeuvre, Vincent Quenin
- Les enjeux, Christophe Gonnard
- La certification QB46, Nadège Ombé Njiamo
Passer les chapes en technique courante était-il devenu nécessaire ?
Cela était devenu effectivement nécessaire, afin de structurer notre métier et d’obtenir des règles de mise en œuvre communes. Il y avait un certain caractère d’urgence, puisque l’abandon de la pose de carrelage scellée dans les étages amène les constructeurs vers la pose collée, et donc vers les chapes fluides. C’est positif pour nous, mais le risque était de voir arriver sur un marché très dynamique des acteurs moins qualifiés et les sinistres augmenter. Depuis 30 ans, les formations se font en fonction des Avis techniques chez un fournisseur et ne traitent que des produits d’une marque. Désormais, nous allons avoir des règles communes. Les chapistes seront formés aux trois liants du marché.
Quelles conséquences positives attendez-vous pour le marché des chapes ?
Pour commencer, pour la première fois une demande de CQP a été faite par deux organisations (la FFB et la Capeb) en partenariat. Ce CQP est aussi l’occasion d’homogénéiser les connaissances techniques de l’ensemble des acteurs du marché. En quelques années, cela devrait aussi épurer notre profession. Les acteurs les moins scrupuleux ne pourront plus faire ce qu’ils veulent.
Ce nouveau statut est-il destiné, en premier lieu, à rassurer la clientèle ?
Il va d’abord rassurer le monde du bâtiment. Les chapistes sont souvent en sous-traitance du lot carrelage sur les chantiers. Nous sommes un peu invisibles. Avec ce nouveau statut, nous allons être de plus en plus reconnus. Nous ne sommes pas de simples couleurs de chapes. Etre chapiste, c’est savoir reconnaître la qualité d’un sol, réceptionner un support, adapter le choix du produit, mettre en œuvre et contrôler tous les paramètres. L’ensemble de l’activité est présente dans la formation et devrait être reconnue par le monde du bâtiment. Ne serait-ce pour que ce dernier comprenne l’importance de la qualité du support.
Pour les chapistes déjà installés, cette nouvelle formation peut apparaître comme une nouvelle contrainte. A quel retour, vous attendez-vous de la part de la profession ?
Lorsque l’on discute entre nous de cette création du CQP, nous sommes tous convaincus de l’excellente opportunité que constitue ce passage en technique courante. Mais en effet, il faut que les chapistes en soient convaincus.
Bien entendu, les chapistes déjà en place sur le marché pourront valider leurs acquis pour obtenir le CQP. Pour cela, ils devront répondre à un QCM d’environ cinq pages. Ce QCM sera tout à fait accessible pour les professionnels avec de l’expérience. En fait, si un chapiste n’arrive pas à le remplir, c’est qu’il n’est techniquement pas capable de mettre en œuvre des chapes dans les règles de l’art. Ainsi, nous allons aussi pouvoir positionner le métier dans le bon sens et éviter des prix tirés vers le bas. Et nous espérons ainsi réduire les sinistres.
Qu’est-ce que la nouvelle traçabilité des chapes peut apporter aux chapistes ?
Les chapes qui font bénéficier du certificat QB46 devront être traçables. C’est-à-dire que le chapiste devra garder une trace, dans la forme qu’il souhaite, de chacun de ses chantiers. Cela va d’abord aider à la rénovation future des bâtiments, en fournissant la composition des sols.
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Cela participera aussi à la reconnaissance de notre métier. Jusque-là, la seule trace de notre passage était le bon de livraison de la chape. Et encore quand il y en avait un. Désormais, un document de synthèse concernant chaque chantier sera archivé. Cela permettra d’être plus précis dans la lutte contre les sinistres, tout en responsabilisant les chapistes dans leurs actes. Notre espoir est que cela responsabilisera aussi les autres métiers, puisque nous pourrons garder des traces de la qualité du support par exemple.